sábado, 20 de outubro de 2012

Traduction simultanée


Le plus difficile de réaliser une traduction simultanée, consécutive ou un suivi est que les gens oublient qu’il faut faire des pauses. Ils sont là à parler, ils veulent impérativement finir leur idée et conclure un concept. Oui, on n’arrête pas le cours d’un fleuve, il ira où il voudra. Mais la force des eaux peut noyer le traducteur. Il peut être très habile, avoir un large vocabulaire, être connu comme quelqu’un de compétent, tout et tout, mais il n’est pas encore une machine à traduire – eh oui, puisqu’il raisonne, il a le droit de choisir. A ce moment-là où il y a un doute quelconque sur un tout petit moment, le torrent de mots le dépasse et il doit rattraper le sens de la voie.
La technologie vient au secours, et tout de même le temps est court pour tout faire : écouter, chercher les mots dans la tête, parler, écouter la suite et la retenir et puis aller sur internet pour voir quelque chose d’autre. Le Monsieur Untel, lui, ne fait pas de pauses. Il a une idée à passer, a 5 minutes pour finir son discours, et il croit avoir un débit assez tranquille.
Est-ce que le traducteur connaît le sujet ? La gamme de sujets est large, mais on ne choisit pas un traducteur ingénieur, linguiste, musicien, économiste, médecin, sculpteur, informaticien, créateur de parfums. Il est traducteur, point. Cela devait suffire.
Combien de temps il faut pour organiser un événement comme Rio+20 ? On pense à presque tout : la sécurité des chefs d’Etat, les badges, le son, le sac offert aux inscrits où on trouve une bouteille d’eau thermique recyclable, un agenda et un stylo, un accueil fait par des gens souriants.
Milliers de personnes sont concernés, dès les gouverneurs d’une région de la Chine à un serveur d’eau autour des tables rondes. Pourquoi on ne pense pas que, pour une réunion comme celle-là, il faut être compris ? Est-ce qu’on veut vraiment que les gens se comprennent ? Est-ce que les gens veulent comprendre ce dont dit Mme Eva Joly lorsque la table discute la mise en place d’un Tribunal Moral ?
La députée européenne Eva Joly, candidate EELV à l'élection présidentielle, est venue défendre à la conférence sur le développement durable Rio+20 l'idée d'un tribunal international éthique et celle d'un système international de défense des militants de l'environnement.
Ce tribunal éthique, symbolique, est une idée soutenue par le philosophe Edgard Morin et par le sénateur brésilien Cristovam Buarque. « Sur le modèle du tribunal Russell, qui avait fait beaucoup pour arrêter la guerre au Vietnam, il s'attaquera aux crimes contre l'environnement ».
Présidente de la commission développement, elle estime par ailleurs qu'on a besoin « d'un système international de défense des militants de l'environnement ». Selon Eva Joly, il y a cinq personnes détenues au Pakistan depuis août 2011 pour avoir dénoncé des violences à la suite des inondations dans la vallée de Hunza, d'autres aussi en Russie, des militants emprisonnés dans l'Etat de Para, au Brésil, où est édifié l'immense barrage de Belo Monte. « Il faut monter une veille et assurer leur défense ». Edgar Morin, un poète à mon avis, voit la beauté du monde et a peur qu’on puisse commencer à juger tous et n’importe quoi au nom d’une chose qu’on ne sait même pas encore nommer. Eva Joly était plus centrée, a énuméré des catastrophes naturelles tombées dans l’oubli, puisqu’on ne sait pas où aller pour demander de la justice. Elle était une sorte de Saramago et son Evangile selon Jésus Christ dont la liste de morts fait rougir les pages les unes après les autres. Elle n’a pas eu peur de parler.
Et ceux qui l’entendaient, allaient faire quoi exactement ? Ils ont compris le message ? Le traducteur a pu passer le rage, l’indignation, l’impuissance ?
Morin a fait casser la voix du traducteur, a fait sa voix s’étrangler dans sa gorge et celui-ci se demandait si les gens ont-ils reçu ce sentiment.
Le traducteur ne demande pas trop, Messieurs, Mesdames : il veut que les gens se comprennent, qu’on se comprenne. Et pour cela il faut juste un petit travail de celui qui parle, qu’il lui passe un texte avant pour qu’il ait un outil de travail. Pour qu’il puisse bien mener son travail. Et que l’intervenant respire entre une phrase et l’autre. Comme cela le traducteur, lui aussi, aurait le temps de respirer. Et que tous passent à être vraiment des parties prenantes .

Nenhum comentário:

Postar um comentário


Seguidores